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Cours d'histoire II)

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Message  Arthur Mer 11 Fév - 19:48

1) La colonisation européenne


La colonisation remonte à la découverte de l'Amérique, au XVIe siècle; mais c'est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que l'Europe s'est partagé le monde. La colonisation est un épisode relativement bref de l'histoire humaine : un siècle et demi après la conquête coloniale du XIXe siècle, il ne reste presque plus rien des empires coloniaux. Cependant elle a laissé des traces très profondes : ainsi, hors d'Europe, les limites de la francophonie correspondent en gros à celles de l'ancien Empire colonial français.

1. Pour quelles raisons l'Europe colonise-t-elle le monde ?

• En premier lieu, la conquête coloniale est facile. Les pays européens possèdent une énorme avance technologique ; de plus, dans les régions du monde colonisées, les États sont le plus souvent faibles et archaïques et n'ont pas la capacité de réagir (à l'exception du Japon).

• L'idéologie colonialiste dominante en Europe prétend que les « races supérieures » ont le devoir de « civiliser » les « races inférieures » ; dans certains milieux liés aux Églises, on espère également christianiser les indigènes.

Les Européens pensent en termes d'impérialisme territorial : un pays, pour être puissant, doit dominer des territoires étendus, si possible répartis sur l'ensemble du globe.

• On peut aussi évoquer des causes économiques : les colonies sont censées représenter des débouchés pour les économies de leurs métropoles (ces espoirs ont été déçus, car les colonisés étaient pauvres).



2. Quelles régions du monde sont affectées par la colonisation ?

• Les Européens se partagent entièrement l'Afrique, notamment à la conférence de Berlin (1884). La France domine le Maghreb et le Sahel (la région située juste au sud du Sahara), tandis que la Grande-Bretagne s'impose en Afrique orientale et australe.

L'Asie du Sud aussi est largement colonisée, à l'exception de la Thaïlande et de l'Iran : dans cette partie du monde, la puissance principale est la Grande-Bretagne, qui possède l'immense empire des Indes. En 1920, la France et la Grande-Bretagne se partagent le Proche-Orient.

• Deux grandes régions du monde échappent à la colonisation : la Chine et l'Amérique latine (notons cependant pour cette dernière qu'elle est composée d'anciennes colonies espagnoles et portugaises devenues indépendantes au début du XIXe siècle). Mais, dès le début du XXe siècle, ces pays subissent les effets d'un « néo-colonialisme » : en Chine notamment, les commerçants occidentaux sont tout-puissants, ils ne sont même pas soumis à la justice chinoise.



3. Quels sont les principaux empires coloniaux ?

• Le principal empire colonial est, de loin, l'Empire britannique : on l'appelle « l'Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ». Il comprend, d'une part, les colonies « blanches » (Canada, Australie, etc.), qui accèdent progressivement à l'indépendance mais conservent des liens avec l'ancienne métropole par le biais du Commonwealth, institué en 1931 ; d'autre part, les colonies « non blanches », dont la principale est l'empire des Indes. Elles sont gérées selon le système de l'administration indirecte, c'est-à-dire que, dans la mesure du possible, la métropole laisse en place les pouvoirs traditionnels.

• L'Empire français est le deuxième en importance. Il s'étend essentiellement en Afrique (Maghreb et Afrique noire) et en Indochine. Il est géré selon le système de l'administration directe, c'est-à-dire largement administré par des fonctionnaires français qui ont remplacé les pouvoirs traditionnels.

• L'Allemagne et l'Italie ont peu de colonies et l'Allemagne perd les siennes en 1918. En revanche, de petits pays peuvent avoir d'importantes colonies : ainsi la Belgique possède l'immense Congo ; les Pays-Bas détiennent l'Indonésie.



4. Qu'apporte la colonisation aux populations colonisées ?

• La colonisation permet un certain développement des transports et, dans certaines régions, l'implantation d'une industrie et d'une agriculture modernes. Certains colonisés ont accès à l'instruction et il y a des progrès dans le domaine de la santé : on peut citer, par exemple, les campagnes de vaccination. Par ailleurs, la colonisation contribue à faire reculer l'esclavage et les guerres locales.

• Mais la plupart de ces progrès ne concernent qu'une infime minorité de colonisés. La modernisation économique est imposée et elle est faite non pas en vue des intérêts des colonisés mais en fonction de ceux de la métropole. Ainsi, une colonie n'a le droit de commercer librement qu'avec sa métropole. Les colonisés sont sous-payés, et tellement maltraités que parfois ils s'enfuient dans la forêt, par exemple en Afrique centrale vers 1920. On leur vend des produits de mauvaise qualité, à des prix très élevés. De même, l'enseignement est inadapté : dans les colonies françaises, on apprend aux enfants « nos ancêtres les Gaulois ». Dans certaines régions, des colons venus d'Europe chassent les indigènes de leur terre : en Algérie, on les appelle les pieds-noirs.

• Enfin les colonisés ne votent pas et n'ont aucun moyen de peser sur leur destin, lequel est entièrement décidé en Europe.



5. La colonisation est-elle contestée en Occident ?

• Jusqu'en 1914, très peu de voix s'élèvent en Europe contre la colonisation : ce sont essentiellement des gens qui trouvent qu'elle coûte trop cher, et aussi, en France, des gens qui estiment qu'elle détourne les Français du devoir sacré de revanche contre l'Allemagne. Vers 1910, le socialiste Jean Jaurès critique ainsi l'installation de la France au Maroc.

• Après 1920, deux grands pays se mettent à critiquer vigoureusement la colonisation : les États-Unis, qui sont eux-mêmes une ancienne colonie et qui, par libéralisme économique, réclament le droit de commercer librement avec le monde entier ; l'URSS, dont l'idéologie est hostile à l'exploitation de l'homme par l'homme. En Europe occidentale, les communistes, qui partagent les conceptions des Soviétiques, s'opposent eux aussi à la colonisation.

La SDN, où l'ensemble des pays indépendants de la planète sont représentés, est une autre tribune où les anticolonialistes peuvent se faire entendre.



6. Qu'appelle-t-on « mouvements nationalistes » ?

• Il s'agit de l'ensemble des mouvements qui luttent sur place pour le retour des colonies à l'indépendance ; le mot nationaliste n'a donc pas ici exactement le sens qu'il a en Europe, où il peut désigner aussi ceux qui luttent pour la grandeur et la puissance d'un pays déjà existant.

• Les premiers mouvements nationalistes dans les colonies européennes datent d'avant 1914 : l'on peut notamment citer Gandhi, qui prône la résistance à la colonisation par la non-violence, d'abord en Afrique du Sud, puis en Inde.

La Première Guerre mondiale fait évoluer les choses : de nombreux colonisés viennent participer aux combats en Europe et le spectacle des Européens en train de se massacrer remet en cause le prestige des métropoles.

• Dans les années 1920 et 1930, les nationalistes commencent à se réclamer de plus en plus d'idéologies modernes, venues des métropoles, notamment du communisme. Ainsi Hô Chi Minh, qui a été ouvrier en Europe, fonde le Parti communiste vietnamien en 1930.



Piste de réflexion :
C'est la colonisation qui a fait entrer l'actuel tiers-monde dans la modernité, mais contre son gré et de force ; et cela a été une humiliation pour des peuples qui se considéraient comme très civilisés. Dans certaines régions du monde, le progrès et la démocratie sont encore aujourd'hui associés à cette humiliation et à cette injustice, et l'Occident est détesté pour les avoir apportés : c'est le cas, par exemple, dans une partie du monde musulman.

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Message  Arthur Mer 11 Fév - 19:50

2) Décolonisation et émergence du tiers-monde


En une trentaine d'années à peine (1945-1975), les empires coloniaux ont disparu. Certaines décolonisations se sont déroulées pacifiquement, comme en Afrique noire française ; d'autres ont tourné au drame, comme en Algérie où la guerre d'indépendance a duré huit ans. La décolonisation a soulevé d'immenses espoirs : le « tiers-monde », comme l'on disait désormais, allait s'unir, peser sur les affaires du monde, s'enrichir ; encore trente ans après, la plupart de ces espoirs ont été cruellement déçus.

1. Qu'est-ce qui déclenche la décolonisation dans l'après-guerre ?

• La Seconde Guerre mondiale a dévasté et affaibli les grands pays colonisateurs, notamment la France et le Royaume-Uni, les rendant incapables d'affronter le coût de la répression des opposants à la colonisation. Certains milieux d'affaires soulignent que les colonies coûtent cher et qu'il vaut mieux se tourner vers le commerce avec les États-Unis et vers la construction européenne. L'information ayant progressé, les opinions publiques occidentales comprennent progressivement que la colonisation n'apporte pas le progrès aux colonisés.

• Par ailleurs, les colonisés sont un peu plus instruits et, dans certains pays, mieux organisés. Toujours du fait des progrès de l'information, il est impossible de les réprimer aussi brutalement qu'avant 1940.

• Les États-Unis sont toujours aussi anticolonialistes, tout comme l'URSS, à l'apogée de sa puissance et de son prestige juste après 1945. L'ONU leur sert de relais : elle est de plus en plus hostile au colonialisme au fur et à mesure que des pays nouvellement indépendants la rejoignent.



2. Y a-t-il des différences entre les différentes décolonisations ?

• L'Asie est décolonisée dans les années 1940 et 1950, l'Afrique l'est pour l'essentiel entre 1957 et 1963, à l'exception des colonies portugaises qui n'accèdent à l'indépendance qu'en 1975.

• La Grande-Bretagne a tendance à quitter ses colonies dès que la situation s'y dégrade trop : ainsi elle abandonne l'Inde en 1947 et la Palestine en 1948 (sur le territoire de cette colonie, les sionistes proclament l'indépendance d'Israël). Dans les deux cas, les Britanniques laissent les populations locales s'entre-tuer : les hindous et les musulmans dans l'empire des Indes (qui éclate en deux pays, l'Inde et le Pakistan) ; les juifs et les Arabes en Palestine.

• D'autres puissances coloniales, au contraire, ont tout fait pour conserver leurs empires, quitte à mener de cruelles et inutiles guerres coloniales. La France livre (et perd) deux de ces guerres, en Indochine en 1946-1954 (la guerre se solde par la défaite de Dien Bien Phu) et en Algérie en 1954-1962. Le Portugal combat l'indépendance de ses colonies africaines du début des années 1960 à 1975.

• Cependant, cette distinction ne vaut pas pour tous les cas. Ainsi, en 1958-1960, la France accorde l'indépendance sans combat à ses colonies d'Afrique noire ; en revanche, le Royaume-Uni a mené quelques guerres coloniales, par exemple en Malaisie.



3. Dans quel état se trouvent les anciennes colonies à l'aube de leur indépendance ?

• Les colonies qui ont connu des guerres, civiles ou coloniales, sont dévastées ; c'est le cas, par exemple, de l'Algérie.

• Dans la plupart des pays, l'indépendance a été très mal préparée. Les nouveaux États manquent de cadres politiques ; parfois leurs dirigeants sont des guerriers plus que des gestionnaires. Les populations, laissées dans l'ignorance par les colonisateurs, n'ont pas été éduquées à la démocratie : celle-ci risque donc de fonctionner de manière très formelle. L'économie, faite pour servir les intérêts de la métropole, doit être en grande partie restructurée. Les minorités privilégiées d'origine métropolitaine qui faisaient fonctionner l'économie moderne se sont enfuies ; ainsi en est-il des pieds-noirs d'Algérie.

• Pourtant un immense espoir règne : puisque la colonisation a entretenu l'injustice et la pauvreté, l'indépendance ne peut qu'amener la prospérité et l'équité. Pour la première fois, les peuples de couleur vont être traités sur le même plan que les Occidentaux.

Dans les pays qui ont conquis leur liberté au combat, les populations et surtout les nouveaux dirigeants, issus de guérillas, ne rêvent que de rompre tous les liens avec l'ancien colonisateur. À l'indépendance, ils optent souvent pour une certaine autarcie économique et pour le socialisme ; certains se rapprochent de l'URSS.



4. Comment les anciennes colonies essayent-elles de s'organiser ?

• Pour désigner les anciennes colonies, un géographe français invente, en 1952, l'expression de « tiers-monde » (tiers signifiant « troisième ») ; en effet, les pays concernés ne sont ni des pays développés occidentaux, ni des pays communistes alignés sur l'URSS. Cette expression constitue une référence au tiers état français qui, s'étant uni, a fait la révolution de 1789.

• L'ONU devient leur tribune commune ; il y apparaît un « groupe afro-asiatique » qui défend plus particulièrement les intérêts des anciennes colonies. En 1964, l'ONU se dote d'une « agence » destinée spécifiquement au développement du tiers-monde (la CNUCED). Certains pays décident d'aller plus loin et de former, hors ONU, une organisation qui ne serait inféodée à aucun des deux blocs : c'est le mouvement des « non-alignés », apparu à la conférence de Bandoung en 1955, conférence à laquelle participent 29 pays, dont l'Inde, la Chine, l'Indonésie.

• Sur le plan économique, certains pays essayent de s'unir pour lutter plus efficacement contre l'« échange inégal ». Ainsi, en 1960, les principaux producteurs d'hydrocarbures forment l'OPEP, qui se bat pour faire monter le prix du pétrole, considéré comme injustement sous-évalué. L'OPEP arrive à ses fins en 1973 : le prix du pétrole quadruple ; mais cette évolution contribue à provoquer une crise économique mondiale.



5. Pourquoi ces efforts d'organisation ont-ils échoué ?

• Il n'est pas facile d'agir lorsqu'on est pauvre : la plupart des anciennes colonies le sont restées, d'autant plus qu'après leur indépendance, elles ont souvent été très mal gérées (mauvais choix économiques, corruption, dictatures, etc.) et qu'elles ont dû affronter des problèmes urgents et dramatiques, comme l'explosion démographique.

L'écart de richesse entre pays développés et pays pauvres s'est donc plutôt accru. Les pays pauvres se sont massivement endettés. L'échange inégal existe toujours, parce que ce sont les pays riches, en tant que consommateurs, qui fixent les prix des matières premières produites dans le tiers-monde.

• Tous les efforts d'union, aussi bien sur le plan économique que sur le plan politique, ont échoué : ainsi le mouvement des non-alignés est pratiquement paralysé et le prix du pétrole ne s'est maintenu à un niveau élevé que durant une dizaine d'années (1974-1986). Les pays du tiers-monde paraissent trop nombreux (plus de 100 dans les années 1980) et surtout trop divers pour pouvoir s'entendre : leurs intérêts divergent dans presque tous les domaines et, lorsque des problèmes urgents se posent, l'égoïsme l'emporte.

• En particulier, malgré les efforts du mouvement des non-alignés, la guerre froide a déchiré le tiers-monde : certains pays ont choisi de se rapprocher de l'URSS, modérément (comme l'Algérie) ou de très près (comme Cuba et le Vietnam) ; d'autres sont restés fidèles à l'alliance avec l'Occident, comme le Maroc ou les pays d'Amérique du sud. D'où de nombreux conflits, par exemple entre l'Éthiopie communiste et la Somalie pro-occidentale dans les années 1970. Il s'y ajoute des conflits locaux : ainsi, en 1980-1988, l'Iran et l'Irak se sont affrontés en une guerre qui a fait un million de morts.



Piste de réflexion
Il ne reste plus rien des espoirs tiers-mondistes des années 1950 et 1960. Cependant le discours des non-alignés est relayé aujourd'hui par le mouvement altermondialiste qui reprend une partie des critiques des anticolonialistes d'alors, notamment en ce qui concerne l'extrême injustice des relations économiques entre les pays du « sud » et ceux du « nord ».

On notera également qu'une partie des anciennes colonies est parvenue à se développer, surtout en Asie (la Corée, la Thaïlande, etc.). Mais elle n'éprouve aucun sentiment de solidarité envers le reste du tiers-monde.

Arthur
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